SPLA : Portail de la diversité culturelle
Cultures-Uganda

Philippe Ayi Koudjina

Philippe Ayi Koudjina
Photographe
Pays principal concerné : Rubrique : Photo
Togo

Philippe Koudjina est né à Cotonou le 26 mai 1940, d'un père togolais originaire d'Aného et d'une mère béninoise. Il s'initie à la photographie, en fréquentant le studio en bas de chez lui, et se découvre vite une passion qu'il fera fructifier quelques années plus tard.
En 1959, il quitte le Togo pour Niamey où vit sa grande soeur. Aide géomètre à la Régie, secrétaire sténodactylo à la SCOA (Société de Commerce de l'Ouest Africain), employé dans un commerce libanais... Sa passion pour la photographie ne le quitte pas pour autant. La nuit, il exerce déjà ses talents de portraitiste hors pair dans les boîtes, les bars de Niamey qui ne désemplissent pas à l'époque.
1962 : Philippe devient photographe professionnel à plein temps. Il vient de remporter son premier gros marché, en photographiant, la veille du 1er mai, des militaires français en goguette à l'Ermitage (un bar célèbre de Niamey). Par la suite, il devient le photographe attitré de l'armée française basée à Niamey : il photographie les cérémonies (mariages, baptêmes, etc.), les fêtes, les sorties à la piscine, mais aussi le mess des officiers, les sauts de parachutistes. Ce marché juteux prend fin avec le renvoi de l'armée française en 1974, quand Seyni Kountché arrive au pouvoir.
Son premier studio, Photo-Souvenir, se trouve face à la Mission Catholique.
Les dix années qui suivent (1963-1973) sont les plus intenses de sa carrière. Durant ces années traversées par la vague yé-yé, Philippe gagne en popularité, il est de toutes les manifestations, officielles ou non.
En 1969, il ouvre même un studio au Grand Hôtel. Reconnu par ses pairs, il est élu Secrétaire général du Syndicat des photographes, jusqu'en 1974.
Les années 1970 sont la décennie de l'uranium : le pays s'enrichit, se modernise, s'ouvre encore plus aux étrangers venus chercher fortune. La photographie connaît un essor formidable.
Nous sommes toujours à l'époque des Rolleiflex (appareils de format 6x6) et du noir et blanc. Mais Philippe est à l'affût de toutes les nouveautés, comme la photographie couleur : il s'essaie au tirage manuel dès 1966, mais doit abandonner cette pratique pour des raisons de coût et de faible rentabilité. Il envoie ses photos couleur à développer en France, jusqu'à l'arrivée en 1987 du premier laboratoire couleur à Niamey. Depuis, il avoue : "la photo a commencé à perdre de sa valeur".
Dès 1979, le mirage de l'uranium prend fin. Les photographes de studio subissent bientôt les premiers contrecoups de cette "crise" de l'uranium et des sécheresses successives. L'arrivée des mini-labs couleur au Niger dans cette période difficile, entraîne l'émergence, au début des années 1990, d'une génération spontanée de photographes improvisés, équipés le plus souvent d'appareils automatiques. Philippe, tout comme ses collègues, résiste difficilement à l'assaut de ces photographes "ambulants" qui se recrutent dans toutes les couches de la population, essentiellement parmi les fonctionnaires, les étudiants et même les paysans, tous victimes d'une crise économique sans précédent. Les clients sont littéralement "détournés" par ces photographes au rabais qui cassent les tarifs établis par les photographes professionnels. Pour subsister, Philippe doit fermer son dernier studio et vendre une grande partie de son matériel. Il abandonne progressivement le métier. Aujourd'hui il est réduit à la mendicité, lui qui a été le témoin précieux d'un Niger qui découvrait l'indépendance, lui qui a photographié toutes les grandes personnalités de ce monde, de passage à Niamey. Son oeuvre constitue un patrimoine essentiel pour le Niger.

Il s'est éteint dans la nuit du 29 mai 2014 à Niamey des suites d'une longue maladie.

Partenaires

  • Arterial network
  • Guerrilla Arts
  • HOT
  • Bayimba
  • Uganda Women Writers Association
  • Arts 256
  • 32º East
  • Amakula Festival

Avec le soutien de