Afrique du sud.L'apartheid a laissé le champ libre au capitalisme. Une violence a remplacé une autre, de même intensité.
Ou plutôt : l'épuisement d'une violence archaïque laisse maintenant à découvert la violence fondamentale. On tire de même manière.
*Johannesbourg, métapole de murs électrifiés,
cernée par des towns ships en décomposition ou en lente métamorphose,
où des logiques tourbillonnantes, contradictoires et solidaires, s'affrontent, se fécondent,
toutes les anciennes, toutes les nouvelles.
Le futur baille aux imprévisibles, mais il faut lui espérer la chance.
*Cape Town, refuge, entre deux océans, beauté puissante,
joliesses figées dans les lignes des anciennes forces et les catastrophes prévisibles du tourisme.
*Mandela est silencieux, invisible, la légende le magnifie, le fige, l'installe partout et l'emporte doucement.
Il fait terre rouge et soleil vert, et c'est grande espérance, valable pour tous.
*J'ai vu Nadine Gordimer, toute l'intelligence et la force de ses livres intacte dans ses yeux.
L'apartheid n'a jamais rayé ce diamant-là.
*J'ai vu Breyten Breytenbach,
et c'est heureux de rencontrer ce qui longtemps vous a porté,
de voir s'incarner le courage d'une écriture et la justesse d'une vision quand il a fallu lever la main.
Un frère, de même souci.
Nous avons célébré la Palestine, invoqué son poète Darwich, et convenu de la beauté comme d'une question à vivre.
*J'ai pensé à Peter Abrahams, à Alan Paton, à Athol Fugard, à André Brink,
j'ai regretté l'absence de Coetzee,
et j'ai cru entendre Myriam Makeba dans les saveurs renouvelées du syrah.
Patrick CHAMOISEAU